La Belgique doit rattraper son retard en matière de déploiement de la fibre optique, et pourtant chez Stratec nous regrettons que le sujet reste encore très peu présent dans les médias et chez les responsables politiques nationaux et régionaux.

 

Le travail à distance a fait depuis un an des progrès considérables à marche forcée. À Stratec comme ailleurs, l’essentiel des heures travaillées par les collaborateurs se fait maintenant hors de nos bureaux et les réunions internes ou externes se tiennent en visioconférence. La plupart de nos déplacements d’avant mars 2020 ont été remplacés par des communications numériques passant par des câbles, ce qui nous rend plus dépendant que jamais de la qualité de nos connexions internet.

Proximus a annoncé fin 2020 vouloir accélérer le déploiement de la fibre optique. C’est une bonne nouvelle, mais qui arrive bien tard quand on compare la situation de la Belgique à celle de nos voisins européens.

En avril 2020 l’IDATE, un think tank privé travaillant sur les questions de numérique, avait présenté lors d’un webinaire l’avancement du déploiement de la fibre optique en Europe. Leur présentation nous apprend que, sur la période courant de septembre 2018 à septembre 2019, la Belgique a été le pays européen où le déploiement de la fibre optique est le plus rapide en Europe : +307%, soit 78 000 prises connectées à la fibre optique en un an (voir extrait ci-dessous).

On pourrait à première vue s’en réjouir, mais cette forte croissance relative s’explique surtout par le très bas point de départ. Il est bien plus facile de quadrupler un petit chiffre que de doubler un grand nombre. En rapportant les valeurs absolues présentées par l’IDATE à la taille du marché de ces cinq pays, on réalise vite le retard pris par la Belgique en la matière. Le graphique suivant, réalisé par Stratec, présente le nombre de prises connectées à la fibre optique, rapporté à la taille de la population et au nombre de foyer des cinq pays concernés. Le résultat se passe de commentaire.

Note : en réalité les bureaux et locaux commerciaux des entreprises sont également concernés, mais il s’agit juste de comparer l’avancée de différents pays

Ainsi, en 2020 moins de 10% des ménages bruxellois avaient accès à la fibre optique. Pour comparaison, 85% des logements et locaux professionnels de la Métropole du Grand Paris seraient déjà raccordables à la fibre optique. La France s’était dotée dès 2013 d’un plan pour le déploiement de l’internet à très haut débit. Aujourd’hui, 36 % des abonnements à internet en France concernent des connexions à très haut débit d’après l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques). Et pourtant la France est loin d’être en avance en Europe. Comme souvent pour les questions numériques, ce sont les pays du nord qui font la course en tête : la part des bâtiments atteints par la fibre optique s’élève à 98% en Islande, 96% en Lettonie et 90% en Norvège, contre seulement 57% en France.

A ce retard, commun aux trois régions belges, s’ajoute le fait que la Belgique présente également les prix des télécommunications les plus élevés de l’Union Européenne d’après Eurostat. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle est largement ignorée des médias et responsables politiques du pays.

Le récent projet de plan de relance économique de la Belgique fait la part belle aux infrastructures à l’ancienne (60% du budget). On y retrouverait même la rénovation du palais de justice de Bruxelles. En tant que bureau d’étude en mobilité, Stratec se réjouit bien entendu de voir des projets de mobilité comme le tram de Liège bénéficier d’un coup d’accélérateur. Et pourtant, on peut regretter que le numérique apparaisse si bas dans les priorités des politiques publiques en 2021. Si le projet de plan de relance prévoit bien une part dédiée à la transition numérique comme l’exige la Commission Européenne, ces questions semblent passer après de vieux projets que les institutions belges peinent toujours à financer.

Stratec avait évalué en 2018, pour le compte de la Sofico (l’entreprise publique wallonne gestionnaire des infrastructures autoroutières et de voies d’eau), les gains socio-économiques apportés par la connexion au réseau de fibre optique d’une centaine de zonings wallons. Les gains socio-économiques estimés pour l’économie, et la société dans son ensemble, dépassaient alors de loin les gains qu’on obtient généralement pour des infrastructures de transport. Un an après le début de la crise sans précédent engendrée par l’épidémie de covid19, ne devrions-nous pas nous donner les moyens de mieux communiquer pour rester compétitifs et peut-être moins nous déplacer ?

 

Crédit photo couverture : BELGAIMAGE